En 2014, la caisse assurance accidents agricoles recensait 588 accidents concernant le secteur forestier en Alsace, soit 30 % de la totalité des accidents déclarés tous secteurs confondus. La majorité de ces accidents concernent des chutes de plain-pied, des chutes de branches, retours de branche ou branches sous tension.

 

-Les accidents qu'on rencontre sont très souvent mis sur le compte de la fatalité, c’est-à-dire un accident voilà, un métier on sait… voilà, c’est dans la tête des gens, l'accident, le métier de bûcheron est un métier dangereux le point. Ça ne devrait pas être le cas parce que l'accident, c'est, très souvent, on se rend compte quand on analyse les accidents, les raisons sont surtout des erreurs humaines, malheureusement, et aussi, c'est un manque d'anticipation qui est des fois très difficilement compréhensible.

On ne part pas à l'assaut d'un chantier forestier sans un minimum de préparation et la première règle à suivre est la visibilité. Le chantier doit être clairement indiqué, balisé et les personnes y accédant doivent porter des gilets de couleur vive, ensuite commence le rituel d'observation.

-La première des choses que fait le bûcheron lorsqu'il arrive à son arbre, c'est de l'observer. Il doit observer l’arbre, il doit observer tout ce qui est autour, tout ce qui est au-dessus, de quelque chose qui peut être vicieux, on va dire par exemple une branche sèche qui est coincée dans l'arbre, les obstacles au sol, des arbres secs un peu plus loin, tout ça le bûcheron doit l’observer. C’est donc effectivement la première des préventions. 

-Ça fera le moins de dégâts parce que là on a un merisier, là on a un châtaignier, donc on va juste couper le sympa qui est déjà fourché en haut et qui ne donnera pas grand-chose et puis là on a un petit couloir, là on pourra envoyer là-dedans. 

-La direction naturelle de la chute, c'est vers où ?

-Ba, ça serait là hein. 

Trop souvent on assimile le fait d'abattre un arbre à un geste qui est presque banal puisqu'on a une machine qui tourne et on laisse faire la machine, mais c'est le bûcheron qui est acteur de sa sécurité et la sécurité, c'est un savoir-faire, c'est une technicité qu'il faut acquérir. Et avant de prendre une tronçonneuse, il faut être certain que ces gestes on les connaît de la même manière que quand on rentre dans une voiture et qu’il y a des gestes de sécurité comme mettre sa ceinture, rouler à une certaine vitesse. J’assimilerai le métier de bûcheron et le fait d'abattre un arbre à peu près, enfin, c'est exactement la même chose.

-Le bûcheron doit veiller au bon fonctionnement de son matériel et en premier lieu de sa tronçonneuse dont la chaîne doit toujours être bien affûtée, car une machine qui ne coupe pas est toujours plus dangereuse qu'une machine qui coupe. Mais l'abattage d'un arbre nécessite également le nettoyage de la zone alentour en amont.

-Le bûcheron va préparer son arbre, il va choisir sa direction d'abattage, mais avant cela il va préparer son terrain, donc il va nettoyer une zone à peu près sur 1 m de rayon autour de l'arbre. Ensuite il va choisir son chemin de repli qu'il va dégager sur une distance d'à peu près 5/6 mètres pour pouvoir partir le plus vite possible sans trébucher sur un obstacle ou quelque chose dans ce genre. Ensuite il va préparer son entaille, contrôler son entaille et puis il va commencer à faire son abattage. 

Prendre l'habitude de descendre dans les genoux, dans les jambes et éviter de travailler les bras tendus, le bûcheron doit sans cesse adapter sa posture en privilégiant la facilité et l'aspect sécuritaire.

-Alors nous on préconise l'abattage trois points, c'est ce qui explique que le bûcheron va attaquer l'arbre sur les côtés en pratiquant une mortaise d'un côté, puis une mortaise de l'autre côté. Une fois que ces mortaises sont exécutées il va se mettre debout, il va vérifier une dernière fois qu'il n’y a personne dans la direction de chute de l'arbre et il va couper la partie arrière qui est restée, qu'on appelle le talon. Il va couper ce talon et il va partir le plus rapidement possible le long de son chemin de repli. Donc il y a le premier risque de l'abattage directement, ensuite il y a tout ce qui suit après l'abattage, c'est-à-dire les chutes de branches et une fois que l'arbre est par terre, selon que c'est un arbre en pente, il peut évidemment au fur et à mesure qu’on va couper les branches, il peut rouler donc le bûcheron doit se positionner correctement. Après il y a tous les petits risques du style trébucher, glisser, tomber sur un caillou, enfin ce genre de choses qui arrivent sur des terrains accidentés.

Mais une partie des risques peut également provenir de l'entêtement de l’abatteur qui pour une raison ou une autre n'arrive pas à faire tomber l'arbre du premier coup tel qu'il l’aurait souhaité.

-Conseil très important qu'on peut donner à toute personne qui décide d'abattre un arbre, qu'elle soit professionnelle ou autre dans le cadre de ses loisirs, c’est en permanence d'analyser la situation de travail dans laquelle il est. Je m'explique : en fait un arbre très souvent ou trop souvent ne tombe pas forcément là où on veut qu'il tombe donc c'est ce qu'on appellerait un dysfonctionnement dans l'abattage. Ce dysfonctionnement dans l'abattage est le premier maillon d'une chaîne qui peut aboutir très rapidement à un accident grave, voire fatal. Donc un très bon conseil, c'est de prendre le temps à partir du moment où on est victime d'un dysfonctionnement d'abattage, un arbre qui s’écroule, un arbre qui tombe mal, c'est de poser sa tronçonneuse, de réfléchir et de réanalyser la situation, et très souvent, ne faire que ça, évitera un accident qui risque d'être très grave, qui est forcément très grave. 

Bûcheron est un métier qui nécessite une formation complète et des mises à jour régulières dans la mesure où les techniques évoluent perpétuellement. L'école de bûcheron, l'office nationale des forêts et la C3A proposent dans ce cadre des sessions de formation et des stages divers tels que l'abattage au cric hydraulique par exemple. Mais la sécurité du bucheron passe aussi par un ensemble d'équipements de protection individuel appelé communément EPI.

-Le casque qui va nous protéger des chutes de branches, la visière qui va nous protéger des projections de sciures et des petits bouts de bois, bien sûr la protection auditive, ensuite la tenue, ensuite le pantalon de sécurité qui est équipé d'un tissu spécial qui va freiner la machine si jamais on se coupe dans la jambe, les chaussures de sécurité avec la coquille métallique et la protection anti-coupures et des gants. 

La caisse d'assurance accidents agricoles intervient en faveur du secteur forestier de différentes manières : par notre présence sur différents salons forestiers type euroforest ou la journée internationale de la forêt, nous organisons des sessions de formation secourisme, nous aidons financièrement à l'achat des équipements de protection individuels et nous avons différentes conventions qui existent que nous avons signé avec l'office national des forêts ou l'association des maires des communes forestières d'Alsace. 

La C3A subventionne l'achat des EPI dans la limite de certains plafonds aux adhérents MSA qui cotisent à la caisse d'assurance accident agricole ainsi qu'aux propriétaires forestiers adhérents aux forestiers d'Alsace.

Pour en savoir plus sur l'attribution des aides financières n'hésitez pas à vous connecter à notre site internet, vous y trouverez la fiche technique d'attribution des aides financières ainsi que le formulaire à compléter et à nous renvoyer.

 

Retranscription libre de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=_Y2wopQDFYI

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Accident sur commande
juil. 19, 2021